Ce ne fut pas un hors-série ordinaire, mais une bombe !
Mais replongeons-nous dans le contexte… et un coup de vieux pour ceux qui ont connu l’époque !!!
En 1977, ça fait un an seulement que le premier synthétiseur financièrement accessible au grand public vient de sortir : le Mini-Korg 700-S (je l’avais aussitôt acheté). Seuls quelques magasins de musique audacieux le proposent. Les passionnés de synthé se comptent encore sur les doigts de la main, et se rencontrent en tout petits groupes, avec la sensation de faire partie d’une autre planète. Les synthés, c’est une science-fiction, un porte en train de s’ouvrir sur un nouveau monde, les musiciens qui nous sont connus sont rares : on peut acheter des cassettes de Klaus Schulze, de Kraftwerk et de Jean-Michel Jarre qui venait de percer l’année précédente… Trouver autre chose est possible, mais c’est chercher une aiguille dans une meule de foin.
Quant à la documentation… il n’y a rien, ou presque. Pour le grand public, les moyens de s’informer sont le téléphone fixe (pas de forfait, et appeler loin coûte cher), le courrier postal et les revues en kiosque. Il faut être très patient… Dans ces dernières il y a quelques publicités (trois, voire quatre quand on a de la chance). Et pour mettre la main sur un flyer, il faut envoyer une lettre à Music Land, à Paris… Alors tout ce qui reste aux passionnés de base, c’est de rêver d’avoir un synthé ou bien de rencontrer quelqu’un qui en a un.
C’est alors que « Son Magazine » sort ce spécial « Claviers ». Il présente TOUTES les sortes de claviers ! Il fallait oser. D’un seul coup, les passionnés à travers toute la France peuvent balayer, en un seul numéro, tout ce qui existe ! Ce n’est plus une revue, c’est un festival ! Que dis-je : une orgie d’informations ! La grande originalité de cet hors-série : passer des grandes orgues de Notre-Dame de Paris à Kraftwerk, réunissant ainsi différents lectorats qui s’étaient toujours ignorés ! Ça reste peut-être, encore aujourd’hui, un cas unique dans le monde de l’édition.
Personnellement, j’ai lu, relu, et re-relu ce numéro en me goinfrant de chaque phrase et de chaque mot. Ce n’était plus de la lecture, c’était de la boulimie, mais toujours avec les mêmes pages ! Et je n’étais pas le seul.
Mais surtout… il n’y avait pas d’autre ouvrages en français sur le sujet (il y avait bien UN petit livre, à couverture jaune et bleue illustrée avec un schéma électronique, mais je ne me souviens plus du titre, pas fait pour les musiciens en tout cas). Alors c’est ce spécial Claviers qui a abreuvé les passionnés pendant plusieurs années. Eh oui, à cette époque les choses duraient (!!!).
La numérisation de ce volume a nécessité un gros travail pour arriver à quelque chose de propre malgré un papier assez bien conservé mais qui a commencé à se faner. De plus, pour arriver à un PDF d’un volume raisonnable, il a fallu « dégraisser » en supprimant beaucoup de pages d’intérêt secondaire. J’ai donc conservé tout ce qui fait l’étrangeté (éclectisme) de ce numéro et tout ce qui touche aux synthétiseurs, y compris même les publicités, qui permettent de « sentir » l’époque.
Bonne lecture.
Alain Cassagnau
Son Magazine hors-série « Claviers » 1977 – PDF 32 pages, téléchargement gratuit